mardi 11 octobre 2011

Une confusion linguistique

Dans un article de l’Express on traite la traduction récente du roman de Arto Paasilinna ”Le Potager des malfaiteurs ayant échappé à la pendaison” (Hirttämättömien lurjusten yrttitarha). À la fin on résume que dans cette comédie ‘le roi Arto nous sert son remontant favori : cet aquavit (le mot évidemment peu connu en France) déconnant et détonant qui nous réchauffe le gosier de livre en livre, depuis « Le Lièvre de Vatanen »’

C’est le verbe détoner qui est ici la cause de la confusion. Le problème s’éleve du fait que il y a deux verbes désignant differentes choses mais prononcés de manière identique : détoner et détonner. Le verbe détoner qui est employé ici signifie ‘émettre en un temps très bref un bruit plus ou moins violent qui rappelle celui du tonnerre’. Le verbe détonner, de sa part, signifie ‘sortir de la bonne intonation et par conséquent chanter faux’, ou ‘ne pas être en harmonie avec quelque chose’.

On a critiqué l’orthographe de ces deux verbes d´être illogique, même absurde. Pour être logique, détoner devrait avoir deux n, parce que il y en a deux dans le verbe tonner et dans le substantif tonnère. Tout autant le verbe détonner ne devrait avoir qu’un seul n parce que les mots ton, intonation, tonal et tonalité sont écrits avec un. On n’a pas fini de discuter la poème de Paul Verlaine où se trouve le vers suivant : « Sur le bois jaunissant où la bise détone ». Selon une opinion Verlaine ne pouvait pas vouloir dire que la bise chante faux mais plutôt qu’elle éclate brutalement. On peut mettre sous la question cette opinion en considérant que ce n’était pas loin que Claude Débussy adoptait la mode de composer de la musique basée sur la dissonance. Pourquoi pas ne pourrait le vent fort faire un bruit comme un hurlement dissonant ? Ou peut-être Verlaine était suffisamment intelligent, étant conscient de cette confusion, intelligent de la laisser pour le lecteur à résoudre.

Retournant à Paasilinna, l’auteur de l’article charactérise le livre de l’aquavit qui réchauffe les lecteurs francais comme l’aquavit réchauffe le gosier d’Arto, connu pour être un buveur. Mais que veut-il dire, cet auteur, par « l’aquavit déconnant et détonant »? La métaphore semble boiter. Oui, c’est la personne ayant bu suffisamment de l’aquavit qui enfin devient déconnant et détonnant (note les deux n), c’est à dire, qui commence à dire et faire des conneries et chanter faux. Évidemment il n’a pas voulu dire que c’est cela qui arrive pour le lecteur du livre. Sont-ils plutôt les personnages de cette comédie qui sont déconnants et sont-ils les rebondissements rocambolesques qui éclatent, autrement dite, sont détonants (avec un n)? Ou est-ce que c'est Arto même qui soit devenu déconnant et détonnant?

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