lundi 16 juin 2014

Rendez-vous avec le diable

Samedi je travaillait au forêt avec le broyeur de végétaux au bord du marais de pins. J’ai aperçu une chenille de papillon d’environ 7 cm sur le tronchon de bouleau. Je croyais qu’elle soit la chenille de bombyx de la ronce (Heinähukka, Macrothylacia rubi) par son apparence et le fait que la chenille de cette espèce hiverne et ne se chrysalide qu’au printemps. La chenille est appelée l’anneau du diable parce qu’elle s’enroule en anneau si on la dérange.

Après avoir pris le photo de la chenille je me suis adressé à quelques lépidoptérologues pour obtenir la vérification sur l’identité de l’espèce. Il est possible que le papillon en question soit aussi bien, ou plutôt, bombyx du chêne (Tammikehrääjä, Lasiocampa quercus). Aussi la chenille de cette espèce hiverne et se chrysalide à la fin du mai ou au début du juin. Il semble que je n’ai pas rencontré le diable. Pas encore.

Bombyx du chêne (Tammikehrääjä, Lasiocampa quercus)
Mais...

Le dernier dimanche avant la Saint Jean dans tous les pays nordiques on célèbre le Jour de la flore naturelle (Luonnonkukkien päivä). C’est une tradition assez jeune mais déjà bien établie. On organise des excursions guidées pour tous et une idée du jour et de faire les gens mieux connaitre les plantes. 

Hier, il faisait beau temps après le samedi froid et pluvieux. Nous avions choisi, ma femme et moi, de faire connaissance des Vallons de Häntälä, une part d’une zone protégee plus vaste appartenante au reseau Natura 2000. Ce n’était pas seulement pour chercher des fleurs mais pour eprouver sa nature en général. Alors qu’il y a des fleurs florissantes il y a aussi des papillons. Une fleur typique des vallons est le trolle d’Europe (Kullero, Trollius europaeus). Mais la grande spécialité est certainement le papillon semi-apollon (Pikkuapollo, Parnassius mnemosyne) qui est classifié menacé en Finlande. 

Semi-apollon est rare et pratiquement disparu en Finlande sauf aux régions sporadiques au sud-ouest principalement à cause de la disparition des pâturages. Les Vallons de Häntälä est la région où la population est la plus riche. Vraiment, au moins hier il était l’espèce dominante aux prés des pentes. 

On a identifié trois formes géographiques du semi-apollon en Finlande. Évidemment le rechercheur qui en premier réussit de trouver et identifier une nouvelle espèce, sous-espèce où même une forme géographique a le droit de la dénominer plus ou moins comme il veut. La forme qui se trouve presque uniquement dans ces vallons s’appelle Perkele. Le nom scientifique est ainsi Parnassius mnemosyne f. perkele  f. signifie forma. Il m’est presque impossible d’imaginer pourquoi ce papillon charmant soit devenu baptisé comme ça. La seule explication que je trouve est que le rechercheur possède le sens d’humour bien curieux. Perkele est le nom ancient finnois du diable et en usage fréquent même aujourd’hui pour jurer, normalement en exprimant son mécontentement mais aussi son grand étonnement (”pas vraie!”).

Voila. J’avais pourtant le rendez-vous avec le diable. (Meilleurs photos d'ici)

Semi-apollon (Parnassius mnemosyne f. perkele) sur aholeinikki* (Ranunculus polyanthemos)
*Aholeinikki ne pousse pas en France. Évidemment cette espèce n'a pas de nom français.

mercredi 11 juin 2014

Sphinx du tilleul

C’est la question de papillon et d’arbre. En effet c’est la question d’une espèce sous la famille de papillon dénommée sphinx et d’une espèce d’arbre dénommé tilleul.

Comment peut-il un papillon être appelé sphinx? Oui, dans la mythologie grecque le sphinx a les ailes d’aigle, mais cela ne suffit pas pour une association. C’est la chenille qui est le protagoniste ici. Son attitude ressemble celle du sphinx, on an trouvé. Vraiment, au devant de leur corps les chenilles de cette famille ont une sorte de tête avec une sorte de face inexpressive qui ”fascine, étonne par sa fixité indéchiffrable” [1] comme fait le sphinx égyptien. ”Effrayées par un ennemi, elles rétractent leurs segments thoraciques, soulèvent le devant de leur corps et le balancent brusquement d’un côté à l’autre” [2] représentant ainsi le monstre fabuleux grec.

Le papillon même en question, sphinx du tilleul (Mimas tiliae), n’a rien qui ressemblerait au sphinx, mais il a quelques traits qui le distingue des autres espèces de ce genre. Il tend à se fondre dans le décor. La coloration de sa livrée est composée des verts et des bruns formant la mosaïque similaire au camouflage des matériels de guerre. Son arbre nourricier préféré est le tilleul.

Il n’y a qu’une espèce spontanée du genre tilleul en Finlande, le tilleul à petites feuilles (Tilia cordata, metsälehmus = ”tilleul de forêt”). C’est moins commun que l’orme et beaucoup moins commun que le bouleau, qui sont des arbres qui aussi peuvent convenir pour plante-hôte. Le nom tilleul est composé d’un radical et du suffix diminutif -eul qui est issu du latin -olum (Dans certain mots ce suffix est remplacé par -euil comme chevreuil et écureuil). Le nom latin tilia désignant la fibre de cet arbre doit venir du mot grec tilos.

Il y a quelques jours au cours de tonte de gazon, j’ai remarqué par hasard deux papillons à l’accouplement sur le pied de la brouette. Ils ne se dérangeaient pas de ma proximité quand je prenais des photos. Il n’était pas difficile de les identifier avec le sphinx du tilleul. On sait que chez les papillons nocturnes l’accouplement peut durer toute la nuit [3], mais j’ai fait mon observation vers 10 heures du matin et le processus continuait pleinement encore au soir. Le lendemain matin ils étaient absents.

Sphinx du tilleul (Mimas tiliae)

dimanche 8 juin 2014

Généraliste-innovateur

Trois professeurs d’économie finlandais de top niveau ont publié un livre sur la nature de la crise économique actuelle en Finlande et sur des conditions au croissance économique. Leur message a été critiqué dernièrement par Maija-Riitta Ollila, philosophe, dans son dernier blog. Dépassant l’analyse de la crise et faisant quelques commentaires amèrs sur le langage des ”savants d’économie” elle met son focus sur ce qu’ils proposent pour les conditions de l’accroissement et surtout pour le ménagement de l’activité innovative.

Selon Ollila, ces économistes recommandent aux rechercheurs de copier des innovations en vrac. Pourquoi? Parsqu’ils font leurs estimations en termes de croissance de productivité à court terme. Ils ne semblent pas reflechir à l’effet de l’adoption de l’identité de copieur sur la motivation d’un rechercheur et ainsi sur la productivité à long terme. Elle fait remarquer que l’homme a besoin de l’expérience de création pour que le travail donne la sensation de l’importance fondamentale. Quel serait le résultat si la définition du poste de professeur de l’université était seulement une imitation et le retouche des idées des autres?

La blogueuse (féminin de "blogueur" !), choquée, pose la question: À quoi bon avoir l’institution universitaire de haute qualité si on peut éduquer des copieurs humains par moyens plus modestes? Les économistes le justifient par la recherche fondamentale qui améliore des moyens d’exploiter la connaissance développée ailleurs, mais cela ne rassure pas Ollila: ”Nous les Finlandais sommes le peuple innovatif. Chez nous l’orginalité et l’authenticité ont une bonne cote. On a toujours pensé que notre potentiel de prospérer se trouve aux innovations.” Mais elle admet que nous ne sont pas capables de les commercialiser.

À mon avis Ollila a parfaitement raison en ce qui concerne l’importance, pour le professeur d’université, du sentiment de son autonomie et de la liberté créative, en principe illimitée, qu’elle, la liberté, assure. Aussi ont-ils, les trois savants, parfaitement raison en ce qui concerne l’importance de la recherce fondamentale et du lien fort entre la recherche et l’éducation universitaires. Mais ni les professeurs ni la blogueuse semblent avoir des idées sur comment éduquer des innovateurs capable au même temps de faire des innovations originales et d’exploiter des innovations des autres.

Nous avons proposé, moi et mon colleague professeur Pentti Kerola, dans un article (en finnois) de deux parties (Aktuumi 2000 1, 24-27; Ibid 2, 18-22) que l’université de science doit éduquer des généralistes. Nous y en discutons sous forme d’un dialogue ouvert. Voici le premier de notre cinq thèses: ”On a besoin des systèmes de notion qui soutiennent la vue holistique de la réalité et des systèmes d’éducation basés sur tels systèmes de notion.” Nous avons bien identifié les problèmes que posera le renouvellement du système d’éducation universitaire. Le cercle vicieux suivant émerge immédiatement: ”Pour le dévéloppement des systèmes d’éducation capables de produire des généralistes on doit avoir des généralistes qualifiés”

Dans la discussion ordinaire sur généraliste/spécialiste on jure souvent par l’un ou l’autre dépendant de comment on les interprête. Pour éviter le malentendu de notre message dû à la confusion avec ces notions nous avons souligné que généraliste n’est pas une personne qui sache un peu sur presque tout et pas suffisamment de rien. Le généraliste idéal peut être défini comme une personne qui possède la compétence de devenir un spécialiste de n’importe quel domaine. C’est justement cette compétence qui doit être l’objectif de l’éducation de l’université de science. C’est justement sa vision holistique, sa capacité de voir les objets individuels des noveaux perspectifs, en parts d’une totalité, par laquelle le généraliste est au même temps le créateur et l’exploiteur des innovations.