lundi 9 mars 2015

Encouragement pervers

Chaqu’un qui a vécu dans la communauté scientifique sait que ce sont seulement des critères quantitatifs qui forment la base des décisions de support financier. C’est vrai en général mais surtout quant il s’agit de sources financières de l'extérieure de la communauté. L’explication simple est que les critères quantitatifs sont faciles à utiliser, une fois fixés c’est normalement la capacité de l’addition qui suffit; l’évaluation peut ainsi être laissé pour les employeurs de bureau. Combien de docteurs par an a "produit" une université (comme si elle était une usine de saucisson); combien de publications dans les journaux scientifiques référés a "produit" un rechercheur; le quantième se trouve le rechercheur dans la liste des auteurs d’un article, etc. Les critères qualitatives, d’autre part, sont difficiles et nécessitent de l’expertise.

On peut appeller pervers un support financier dont le résultat n’est pas enfin ce qui était l’intention comme a fait un chroniqueur des affairs scientifiques de Hesari aujourd’hui. Elle, Susanne Björkholm, a voulu commencer son article par deux exemples plus généraux sur l’encouragement pervers. Les exemples sont lointains, dans l'espace et temps, mais valides. 

Les paléontologues européens qui chassaient des fossiles en Chine au 19ème siècle payaient aux agriculteurs chinois un somme pour chaque pièce de fossile qu'ils emportaient. Les paysans n’étaient pas stupides. Ils brisaient les fossiles en petits morceaux avant les vendre, un par un, aux rechercheurs. En 1906 on avait décidé en Vietnam de résoudre finalement le problème des rats. Les autorités commençaient à acheter des peaux de rat aux citoyens pour les inciter à tuer des rats. Naturellement cela faisait naître un business de l’élévation des rats en Hanoï.

Ces exemples ne sont pas artificiels. Dans les universités les rechercheurs ne sont pas moins ingénieux que les paysans chinois. La situation étant ce qu’elle est, quelques’uns, en victimes de système, fragmentent leurs articles pour publier les pièces séparément ainsi élongeant la liste d’articles. L’appellation ”pervers” semble justifiée.

Le point de vue de Susanne Björkholm est celui d'un rédacteur scientifique. Pour les professionnels qui écrivent des chroniques il n’y a ni de temps ni d’expertise de plonger aux profondeurs des articles scientifiques. C’est souvent seulement les sommaires, de plus en plus en forme de communiqués de presse, qui eux doivent suffire. Selon Susanne, dans ces sommaires les rechercheurs, sans honte, font comprendre, au moins entre les lignes, qu’il s’agit des résultats qui sont étonnants et bouleversants, ce qui, en effet, n’est que rarement le cas. 

Le chroniqeur termine en constatant que la culture des bonus, basée sur la cupidité, ne fonctionne pas dans la science dont la finalité est de nous faire comprendre la structure (et ainsi le fonctionnement) de la réalité. Cette compréhension ne peut pas être mesurer par l’argent. Et ne doit pas.

2 commentaires:

  1. La dictature du papier ou " publish or perish ". L'objectivité scientifique n'est pas à l'abri de la cupidité ou de la course au sensationnel. C'est une triste époque en quelque sorte, où la quantité l'emporte sur la qualité. Mais il reste des scientifiques convaincus et la communauté saura innover et se remettre en cause.

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  2. Il n'y a qu'à accepter qu'il reste des groupes et individus, autour et au dedans de la communauté scientifique, qui trompent, mais (comme j'aime cette constatation!) la science est la SEULE institution humaine où la tromperie collective est impossible.

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