mardi 2 juillet 2013

La fille de la ville d’Angoulême


L’autre jour on avait discuté des pseudo-limericks. Ce sont des limericks qui ne respectent pas trop strictement les contraintes pour la teneur ou pour la structure de limerick. Les contraintes quelques fois donnés pour la structure en termes de mètre quantitatif sont assez simples: Il y a cinq vers, dont 1,2 et 5 sont chaqun composées de trois anapestes: ” ta ta TAA ta ta TAA ta ta TAA”, et 3 et 4 de deux: ”ta ta TAA ta ta TAA”, tant que les vers 1,2 et 5 ont la même rime, et les vers 3 et 4 la même rime mais differente de l’autre rime.

Je me suis demandé: y a-t-il des limericks français et quel serait le rapport d’un limerick français à la chanson. Après une recherche superficielle il semble que les Français trouvent limerick un phénomène trop irlandais pour être adopté dans la poésie française. ”Il n’a pas son pendant en français et comme il est court, il est vain de tenter de le traduire en espérant lui conserver son sens.” Techniquement, pourtant, il n’y aura pas d’obstacles. Ainsi, il y a certainement des poèmes français dont la structure est celle de limerick (ou de pseudo-limerick) mais sont, à sa part, trop français pour être appelés ça. (Franchement, je ne sait pas que signifient les expressions ”trop francais” et ”trop irlandais”.)

Le limerick récité doit être distingué du limerick chanté. Le mètre de poème n’a pas la même fonction que la mesure de musique. Le mètre anapestique spécifie que ”ta” signifie un syllabe légère ou brève et ”TAA” un syllabe lourde ou longue. Les mesures de musique correspondant aux vers 1,2 et 5 seraient alors à 2/4, composées chacune de TAA à 1/4 suivi par deux ta’s à 1/8 (d’une noir suivi par deux croches). Les deux premiers vers semblerait comme suit: /*-ta-ta/TAA ta-ta/TAA ta-ta/TAA */*-ta-ta/TAA ta-ta/TAA ta-ta/TAA */... 
où * signifie le quart de soupir.

Mais les limericks irlandais chantés ont souvent la mesure de 3/4 ou 6/8. Ça peut s’expliquer tant que le mètre ne soit pas interprété en anapeste mais en mètre syllabique ou bien en mètre accentuel. À partir de ces mètres-ci on n’est plus très loin de la chanson.

L’autre matin, au petit déjeuner, j’ai écrit un limerick en français pour me démontrer qu’au moins techniquement ça doit être facile. Le voici en mesure de 3/4:

Elle venait de la ville d’Angoulême
étant chanteuse de chanson quand même.
Un peu grosse, presque laide,
mais sa voix est ce qui aide.
En l’entendant je crierai: Je t’aime!

Comparons-ça avec une chanson merveilleuse de Florent Pagny de mesure à 3/4, loin d'être paillarde: 

Je laisse le temps faire, défaire, refaire
Il n´ira jamais en arrière non ...
Caché l´amour qu´on a vécu
Comme si ne rien n´était plus
Je laisse le temps faire, défaire, refaire

La ”Fille d’Angoulême” peut être chantée avec la mélodie de celle-ci.

Je ne suis pas sûr s’il soit justifié de conclure que l’atmosphère du pub irlandais peut être fait évaporer complètement en jouant ou chantant le limerick français à 3/4 et en prononçant les e muets à la fin des vers. D’autre part la mesure à 6/8 semble conserver quelque vulgarité, le fait aussi manifesté dans le fragment ”Fartissimo” du film Copying Beethoven.

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