jeudi 17 octobre 2013

Néomots


Probablement il n’y existe pas un mot comme néomot. Il serait ainsi, si accepté, lui-même une sorte de néomot.

Pourquoi inventent-ils, les gens, des néomots? Les Français semblent de vouloir ”moderniser” leur langue comme par exemple en adoptant des formes simplifiées des mots compliqués, abondants au français. Il y a aussi de l’attitude à supprimer des anglicismes dans la langue française et à établir des néomots remplaçants, d’origine française. Au même temps, surtout au sein des subcultures, nouveaux mots, nouvelles expressions, même des néolangues se développent, où l’influence de l’anglais semble d’être bienvenue.

En effet, n’importe qui peut créer des néomots. Mais pour faire un néomot gagner de l’acceptation dans une communauté quelconque, il vaut mieux savoir ce qui plait des locuteurs. Je n’ai pas fait de recherche sur le sujet, mais il semble clair qu’un néomot doit être court, bien compatible avec le langage établi, et avoir un ”bon goût”. Ce que signifie le bon goût ici est un peut difficile de définir à cause de sa nature subjective. Mais prenons un exemple. 

Il y a quelques années un concours était lancé où on demandait aux étudiants de trouver des mots remplaçants français pour certains termes anglais, dont chat et talk. Le jury (du Secrétariat d’État de Francophonie) avait retenu éblabla pour chat et débat pour talk. Mais débat n’est pas un néomot. Entre les autres candidats pour débat débadidé était bien aimé. À mon avis éblabla et débadidé sont des exemplaires des néomots d'un bon goût. Ils sont un peu amusants mais au même temps à prendre sérieux, autant sérieux qu’exige le contexte.

Les Français aiment des diminutifs. Évidemment les diminutifs ont un bon goût. Il y a différents suffixes pour former des diminutifs à partir du mot de base, dont -ot. Les mots qui terminent avec o se prononcent comme s’il ètaient des diminutifs. On pourrait déduire que de tels mots, aussi, ont un bon goût. Et vraiment, au français il y a plusieurs mots produit à partir d’un mot compliqué en le simplifiant par retranchement pour arriver à une abbréviation qui termine avec o et étant bien adopté par le grand public comme par les professionnels. 

On peut abréger des mot en plusieurs façons. On peut couper la tête ou la queue. Prenons le mot réfrigérateur. C’est le mot désespérément compliqué pour l’usage quotidien. En coupant un peu au début et un peu plus à la fin on arrive à frig qui, assaisonné de o, donne frigo. Ce mot se trouve maintenant dans tous les dictionnaires et ainsi n’est pas un néomot. Une grande part des mots abrégés terminant à o ont été produit en retranchant la fin des mots (ce procédé d’abrégér s’appelle l’apocope) déjà possédant un o au milieu du mot, comme auto pour automobile, météo pour météorologie, ophthalmo pour ophthamologue, stylo pour stylographe et vélo pour vélocipède. Mais par exemple vétérinaire a donné la naissance à véto où o a été ajouté.

Quel néomot pourrait-on créer pour simplifier congélateur? Peut-être il y’en a un déjà mais je n’en suis pas conscient. Selon le modèle de frigo, qui est devenu un succès, retranchons le mot en gél et ajoutons le suffixe o pour obtenir gélo. Pas mal. Il a un assez bon goût n’est-ce pas? Adoptez-le, s’il vous plait.

1 commentaire:

  1. L'appellation de la carte à puce utilisable dans les transports en Île-de-France, Navigo, est un exemple des abréviations produites par apocope. La forme de base est n'importe quelle des mots navigation, naviguer ou navigateur. On a proposé aussi que le verbe latin navigare, et surtout sa forme conjuguée de la première personne en singulier, navigo, soit son étymologie, mais à mon avis, c'est une erreur.

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